L’art, une fenêtre
sur le monde
Une question essentielle : à partir de quand une création réalisée en milieu institutionnel peut-elle être considérée comme une œuvre d’art ?
Tout geste créatif ne fait pas œuvre d’art en effet.
Cette question rencontre le plus vif de la création contemporaine.
Marcel Duchamp disait : « Ce sont les regardeurs qui font les tableaux. »
Cela s’applique parfaitement aux pratiques de création en institution : le regard de l’institution ou de l’artiste invité à intervenir donne un statut différent à la même production du jeune accueilli.
A partir de là, la question se pluralise : il convient d’interroger le désir qui se présente ou non de faire une œuvre en tant que telle. Cette question se pose bien avant la production, bien avant l’adresse à l’autre, du côté de ce que le jeune bricole, invente.
L’objet éventuellement produit qui pourra ensuite faire médiation, quelles formes revêt-il ? Quelle est sa destination ?
Par ailleurs, quels effets créatifs (symbolique, imaginaire, réel) ouvrant sur le lien social peuvent se repérer au-delà et en deçà de l’œuvre ?
En résumé, il s’agit d’envisager la production comme une solution de vie – ou de survie -au cas par cas, plutôt que comme une simple occupation.
Le théâtre
Le projet théâtral au sein de l’ADIR a débuté en 2010 avec la mise en place d’un atelier en interne mené par une monitrice-éducatrice spécialement formée aux techniques théâtrales. Un rendez-vous avec Sophie Catala, responsable du théâtre Liberté de Toulon – à l’époque ouvert depuis un an – a permis de donner une nouvelle dimension à cet atelier…
Dans un premier temps le partenariat a permis aux enfants de se rendre régulièrement au théâtre, de découvrir les décors, rencontrer les comédiens et assister à quelques spectacles à huis clos. Le partenariat a ensuite évolué avec une inclusion des familles qui pouvaient venir assister avec leurs enfants, à des spectacles, dans un temps en dehors de l’institution. Face à l’accueil positif de cette démarche, l’atelier est désormais ouvert aux demandes d’enfants externes à l’atelier.
Les objectifs de ces deux dispositifs, à la fois en interne et en externe sont multiples : communiquer, s’exprimer, apprendre à rire sans se moquer, favoriser l’inclusion sociale des jeunes et de leur famille.
Depuis la rentrée 2019, l’inclusion sociale et culturelle a pris une nouvelle dimension avec l’intégration tous les mercredis après-midi d’un enfant, qui participe à différents ateliers théâtraux – au cœur du centre-ville toulonnais – avec d’autres enfants d’écoles alentours.
Les arts plastiques
L’intervention d’une artiste plasticienne – Marie-France Lejeune – au sein de nos instituts médicoéducatif a débuté en 2015. Cette insertion de l’art en tant que tel au sein de l’institution est venue appuyer un travail mené en interne depuis plusieurs années par les éducateurs et a donné une place plus importante à l’art à l’ADIR. Les productions des jeunes réalisées durant ces ateliers ont elles aussi pris une autre dimension. Au-delà d’un objectif éducatif ou d’un temps de médiation, les jeunes accueillis peuvent désormais faire la rencontre d’un artiste, s’ouvrir à l’art et à la création et ainsi travailler sur sa construction psychique.
Cette intervention a donné lieu à de multiples projets artistiques – certains décorant toujours les murs de nos établissements aujourd’hui – dont notamment un projet photographique.
Depuis 2020, c’est un artiste, enseignant à l’Ecole d’Art de Toulon, Adrien PORCU qui intervient chaque semaine.
Rouvrir le monde à l’ADIR
Le Printemps 2020 ayant été marqué par une crise sanitaire sans précédent, la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) PACA a souhaité mettre en place un « été culturel ».
L’objectif ? Ramener progressivement des jeunes et leur famille au lien social par le biais de l’art et de la culture.
C’est ainsi qu’a été lancé un appel à projet auprès des institutions mais également d’artistes régionaux sur le thème « Rouvrir le monde ».
Pour répondre à cet appel à projet, l’ADIR devait se décompléter de sa mission première pour devenir le temps de quelques instants un lieu de résidence pour artistes. De leur côté les artistes devaient proposer un projet culturel et artistique pouvant faire sens auprès de jeunes autistes et psychotiques pour envisager une résidence au sein de notre institution.
C’est dans cette démarche que l’ADIR a répondu à cet appel à projet – dans le cadre de son centre aéré spécialisé d’été. Un lieu de détente ou les envies des jeunes accueillis sont placées au cœur du dispositif.
Deux artistes ont pu intervenir, durant une semaine chacun :
Le projet « Masques & mascarade » mené par Adrien Porcu autour de la création de masques.
Il me parait important de travailler avec cet outil qu’est le masque et donner la possibilité aux jeunes de s’exprimer à travers un artefact fabriqué par leurs soins, de se réapproprier le réel et de l’accepter enfin. Il m’a paru intéressant que chaque jeune puisse créer son propre masque selon la forme et le volume de son choix en s’appuyant sur ce qu’il peut trouver dans son environnement afin d’accéder à une authenticité, une singularité, de les incarner, tout en travaillant avec le lieu, l’instant et ce qui nous entoure. Dans un premier temps, il s’agissait de choisir les matériaux mis à disposition ou à l’extérieur (forêt, plage, etc). Dans un second temps, chacun a confectionné un objet unique avec les matériaux choisis afin d’éveiller un dialogue et un travail de réflexion dans le groupe. Dans un troisième temps l’objet était mis en scène par la photographie, le théâtre ou la vidéo afin que chacun puisse donner vie à sa création et suscite chez eux des émotions et des sentiments.
Le projet « Rouvrir le monde avec la musique » mené par Marion Laurent autour de la musique et de la gestuelle.
Les objectifs de ces ateliers participatifs et collectifs sont de permettre le développement de la motricité, de l’écoute, de l’attention, du mimétisme, de prendre conscience de son schéma corporel mais aussi de découvrir et explorer de l’instrumentarium (petites percussions, instruments mélodiques type glockenspiel) afin de développer son autonomie et sa créativité.