10 NOVEMBRE 2018 : L’OBJET DANS LA CLINIQUE EN INSTITUTION
Les Journées de l'ADIR
« Je ne communiquais qu’à travers les objets – L’objet dans la clinique en institution », c’est la question abordée lors de la 7e Journée de l’ADIR, le samedi 10 novembre 2018, à l’espace culturel Albert Camus (La Valette-du-Var). Au programme : des exposés et conversations cliniques et une conférence de l’invitée de cette journée, Véronique Mariage, psychanalyste en Belgique, membre de l’Ecole de la Cause freudienne, directrice thérapeutique du Courtil, institution pour enfants et jeunes psychotiques et autistes.
Une question fait débat dans la clinique : quels usages les sujets autistes font-ils des objets dont ils s’accompagnent ? Il peut s’agir d’un objet banal, un brin de ficelle, un jouet, un appareil connecté mais aussi d’objets plus complexes.
Faut-il considérer qu’il s’agit d’une fixation libidinale néfaste et dès lors essayer de séparer l’enfant de l’objet qui le fascine pour le normaliser ? Doit-on plutôt faciliter la construction d’un savoir propre à chacun dont l’objet sera la souche (la présence de la valise dans le hall de l’établissement pour marquer le jour du départ, par exemple). Il y a là deux conceptions de l’abord de l’autisme.
Pour penser une clinique de l’objet, nous nous partirons d’un hommage rendu par Lacan à D. Winnicott indiquant que quelque chose de l’être du sujet est impliqué dans ces questions concrètes[1] : « L’important n’est pourtant pas que l’objet transitionnel préserve l’autonomie de l’enfant mais que l’enfant serve ou non d’objet transitionnel (…). L’objet livre alors sa structure. C’est à savoir, celle d’un condensateur pour la jouissance, en tant que par la régulation du plaisir, elle est au corps dérobée »[2].
A propos du titre de cette journée : il est inspiré par une phrase de Donna Williams, « Je ne communiquais qu’à travers les objets », extraite de son livre Si on me touche, je n’existe plus (éditions J’ai lu, 1999, p. 23).
[1] Citation complète : « Nous fûmes les premiers à situer exactement l’importance théorique de l’objet dit transitionnel, isolé comme trait clinique par Winnicott. Winnicott lui-même se maintient, pour l’apprécier, dans un registre de développement. Sa finesse extrême s’exténue à ordonner sa trouvaille en paradoxe à ne pouvoir que l’enregistrer comme frustration où elle ferait de nécessité besoin, à toute fin de Providence. L’important n’est pourtant pas que l’objet transitionnel préserve l’autonomie de l’enfant mais que l’enfant serve ou non d’objet transitionnel à la mère. Et ce suspens ne livre sa raison qu’en même temps que l’objet livre alors sa structure. C’est à savoir, celle d’un condensateur pour la jouissance, en tant que par la régulation du plaisir, elle est au corps dérobée. »
[2] Lacan J., « Allocution sur les psychoses de l’enfant » (octobre 1968), Autres Écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 368.
A propos de l’oeuvre choisie pour illustrer cette 7e Journée de l’ADIR : il s’agit d’une création de Solène Vilment, 15 ans, accueillie au Clos des Bertrands (technique mixte, sans titre, 16 cm, 2018). Elle nous parle de cette création ici.